Cadre de santé et responsable du service de rééducation du premier étage de la clinique Chantecler à Marseille, Isabelle Aubry coordonne également le Programme d’Education Thérapeutique « Diabète et appareillage ».
Rencontre éducative
« Ce Programme d’Education Thérapeutique (ETP) existe depuis 2012 et s’adressait, dans un premier temps, aux patients diabétiques. Cette population ciblée avait été choisie en lien avec notre prise en charge de patients amputés, spécificité du Soins de Suite et de Réadaptation de la clinique Chantecler.
Au bout de 4 années d’existence, la dynamique du programme « vacillait », essoufflement des intervenants et résistance des patients à participer aux ateliers proposés.
Devant ces difficultés, il a été décidé d’apporter une note plus positive au programme par des ateliers orientés vers les projets de vie des patients. L’amputation étant une des complications majeures du diabète, nous avons proposé en 2016, après validation de l’Agence Régionale de Santé (ARS), d’associer l’appareillage qui est l’un des pôles de compétence de notre établissement.
Ainsi, les patients diabétiques et/ou amputés qui participent au programme « Diabète et/ou Appareillage », peuvent développer des compétences et acquérir des connaissances pour trouver un équilibre entre leur vie et le contrôle de leur maladie.
Un ensemble d’ateliers pour apprendre
Ce nouveau programme s’articule autour d’un ensemble de séances éducatives, appelées également ateliers, animés par une équipe pluridisciplinaire.
Sans pouvoir tous les nommer, je dirai que le médecin rééducateur organise des ateliers centrés sur le diabète et les douleurs des patients amputés. En charge de la coordination du programme, je m’investis également dans une séance sur l’hygiène du moignon qui permet un échange sur les gestes du quotidien. Le cadre kinésithérapeute réunit les patients autour de l’activité physique/santé et le cadre soignant propose un atelier sur l’hypoglycémie.
Dans un domaine plus technique, l’orthoprothésiste organise un atelier « vocabulaire et contention moignon » qui aborde l’étroite collaboration nécessaire entre la prothèse et le moignon. L’ergothérapeute et la psychomotricienne apprennent « à vivre après une amputation ». La diététicienne évoque l’importance d’une alimentation adaptée pour une meilleure prise en charge de leur maladie. Sans oublier l’assistante sociale qui s’investit dans une séance autour du « projet de vie sociale » et enfin le psychologue qui rencontre les patients en atelier individuel.
Au-delà de la qualité de leurs contenus, ces ateliers permettent aux patients de se rencontrer, d’échanger et de mieux comprendre cette maladie insidieuse et exigeante du fait de ses complications. C’est également l’occasion de partager leur expérience et leur ressenti face à leur handicap.
Un bilan et un retour d’expérience en fin de séjour
Aujourd’hui, ce programme fonctionne avec une dizaine de patients. Les diabétiques suivent quelques ateliers. En revanche, les diabétiques-amputés peuvent bénéficier durant de longs mois de l’ensemble de cet accompagnement pour approfondir leurs connaissances. A l’issue de l’hospitalisation, j’adresse un courrier de sortie au médecin-traitant afin de l’informer du degré d’implication et des acquisitions réalisées par son patient. D’autre part, nous sommes soumis à une évaluation obligatoire de l’Autorité Régionale de Santé (ARS) tous les quatre ans pour rendre compte de l’organisation de ce programme et de son fonctionnement.
Sachez enfin que notre programme accueille l’Association Française des Diabétiques (AFD) une fois par trimestre et que le réseau Santé Croisée* peut assurer un suivi complémentaire. »